Révérend Père Jean-Claude Lespinasse (on l’appelait Nanaz). “Les existences qui font un grand bruit ici-bas ne s’endorment pas tout de suite dans le silence du tombeau”. Ces paroles, André Marois de l’Académie française les a écrites pour caractériser l’existence de Voltaire. Néanmoins on ne commettrait aucune erreur si on les appliquait à l’existence du Père Lespinasse.

Né le 26 février 1928, Jean-Claude Lespinasse a fait ses premiers pas à l’institut du Sacré-Coeur des Filles de la Sagesse pour se retrouver ensuite à St Louis de Gonzague et à St Martial pour les études primaires et secondaires. Puis, après ses études de Droit, il est entré au Grand Séminaire Notre-Dame d’Haïti pour sa formation au sacerdoce ministériel.

Devenu prêtre en 1956 avec 4 autres confrères de promotion – Cinéus, Brunet François, Mc Guffy et Colas qui lui n’a pas persévéré dans la vie – Père Lespinasse a été envoyé à la Paroisse de Petit-Goâve comme vicaire du Père Cassagnol. Quelques années plus tard, on le retrouve à Strasbourg où il a préparé une licence en Droit canonique et en Histoire du Droit ou en Droit comparé.

De retour au pays, il devient professeur de Droit canonique et Histoire de l’Église au Grand Séminaire, au CIFOR à l’OCA et à l’Institut d’évangélisation et de théologie. Mais derrière ce formateur il y avait un ancien scout, un expert en coopérative et un grand animateur social, dirigeant avec une équipe de laïcs engagés un grand orphelinat, “Enfant Haïtien mon Frère”, et une caisse d’épargne sur la Paroisse de Ste Anne à Port-au-Prince. Il fut pendant plusieurs années aumônier des prisons où il célébrait la messe le dimanche au Pénitencier national ou à la prison des femmes.

Toute sa vie de prêtre est partagée entre l’enseignement, la formation et le militantisme social. A Petit-Goâve et à Port-au-Prince, partout où il se trouvait, c’est le même souci d’aider les jeunes, de soutenir les plus faibles qui orientait son action et son agir pastoral.

Le séisme du 12 janvier 2010 a mis fin à sa carrière de formateur et à sa vie de prêtre. Père Lespinasse dit Nanaz, intellectuel chevronné, homme d’une vaste culture, homme de foi ardente, bourré de diplômes, est resté dans la mémoire collective, un prêtre simple, fort, courageux, proche des jeunes, un sage.

Après sa mort dans le séisme du 12 janvier 2010, nous parlons toujours de lui comme s’il était présent. La postérité fera bien de continuer ses œuvres sociales inspirées de l’évangile et imprégnées d’humanisme. Ses dépouilles mortelles reposent sur le terrain du Grand Séminaire là où il a été formé et là où il a enseigné et servi Dieu et son peuple.

R.P. Harold Durosier

Directeur des études

Grand Séminaire Notre-Dame d’Haïti